Charles Darwin l’a formulé au XIX siècle. Les individus les mieux adaptés à leur environnement ont plus de chances de survivre et de se reproduire, transmettant ainsi leurs caractéristiques génétiques aux générations futures. Tout comme les espèces vivantes, l’automobile est en perpétuelle transformation et subit au fil du temps et des générations des modifications morphologiques comme génétiques. C’est la théorie de l’évolution.
Singer, Totem Automobili, Redux Leichtbau, Nardone, Kimera, ou encore Gunther Werks sont des artisans de cette forme de progrès et appliquent ce précepte de mutation à l’automobile. Le « restomod » [néologisme formé par la fusion des mots « restauration » et « modification » ndlr] est une combinaison fascinante entre le charme intemporel des lignes classiques et les performances modernes. Le slogan du légendaire Bear Grylls, habitué des situations de survie, est peut-être le plus approprié pour définir ce mouvement : “Improvise, adapt, overcome”.
Le restomod est devenu une tendance majeure dans l’industrie automobile au cours des dernières années et les modèles les plus iconiques sont ré-imaginés pour s’adapter à notre environnement contemporain complexe. De la fantastique Alfa Romeo Giulia jusqu’à l’indispensable Classe G, on y trouve forcément son bonheur.
Partie 1 : Blasphème ?
La popularité croissante de ces voitures néo-rétros est le résultat d’un mélange parfait entre nostalgie et technologie. Mais l’âme d’une voiture classique ne réside-t-elle pas dans l’émotion et l’excitation permanente de nos sens ? Mettre les pieds dans une Audi 100 ou une BMW E36 c’est s’enticher pour la vie d’une d’odeur inimitable qui nous ramène directement dans les années 80/90. Une capsule temporelle sensorielle que rien de récent ne pourra remplacer.
Le plaisir de conduite c’est aussi faire corps avec les défauts qu’offre la machine, les appréhender et les dompter jusqu’à en tirer une satisfaction indescriptible. Rouler fort en classique est une compétence. Cet instant béni, couteau entre les dents, où le moindre excès de confiance nous mène directement à un blocage de pont tragique. Talon-pointe et double débrayage obligatoires. L’homme et la machine à son paroxysme.
Sur le papier, l’objectif ultime d’un restomod est de procurer une expérience de conduite inégalée. Les performances sont souvent bien supérieures à celles du modèle original mais le trop peut parfois être l’ennemi du bien.
« La popularité croissante de ces voitures néo-rétros est le résultat d’un mélange parfait entre nostalgie et technologie »
Partie 2 : Evolution.
Cependant, ces cyborgs routiers permettent aux amateurs de belles lignes de vivre leur passion tout en profitant des avantages des technologies de pointe. Que ce soit pour la route ou la piste, les voitures restomod incarnent le meilleur des deux mondes, offrant un mariage harmonieux entre nostalgie et innovation. Elles s’adaptent à un environnement routier moderne, avec des normes de sécurité plus strictes et des standards en matière de confort et de performance qui évoluent. On ne peut être qu’admiratif devant l’immense travail d’ingénierie et le souci du détail apporté à chaque projet.
Rouler en restomod c’est faire une déclaration d’amour à la bagnole. À ce qu’elle représente ; à une esthétique pure et intemporelle. C’est le désir de rouler différent et faire partie des derniers des Mohicans.
Tout comme les espèces évoluent pour s’adapter à leur environnement, les voitures classiques évoluent pour survivre aux strictes réglementations environnementales modernes. Cette fusion parfaite entre passé et présent n’est pas qu’une madeleine de Proust, c’est peut-être la quintessence automobile. Un avenir brillant, une bouffée d’oxygène inespérée dans cet océan de piles plastiques et autres SUV moroses pour les passionné.e.s de belles mécaniques que nous sommes.
Si les restomods permettent de faire subsister l’âge d’or du design, nous ne pouvons qu’adhérer à cette nouvelle vision mécanique.
Make l’automobile great again.
Merci à Matteo Gentile pour nous avoir partagé ses illustrations.