Le soleil cogne à Wrocław, en Pologne. Au milieu des voitures exposées à l’Ultrace, profitant du moelleux d’un des canapés du stand de The Hofmeisters, entre une potentielle insolation et deux discussions, je me pose la question qui divise tant : « qu’est-ce que le Tuning ? » Interrogation de grande volée, sujet quasi-philosophique, à laquelle chaque passionné trouvera sûrement une réponse différente. D’ailleurs, jouons cartes sur table : je ne suis pas un fanatique des suspensions à air, et les concepts du stance, slammed, ou même de show car sont abstraits pour moi. Pourtant je suis là, à prendre du plaisir au milieu de toutes ces voitures aux look ravageurs. Ce qui est certain, c’est que l’automobile est une histoire d’émotions et qu’ici elles passent par l’esthétique. Alors, comme si nous étions des journalistes d’investigation, levons-nous de ce sofa, faisons le tour du stade, regardons les voitures, et essayons de définir le Tuning.
L’Ultrace dispose d’une force de frappe puissante. Tant par son influence dans le monde de la customisation, que par la violence de la claque que prennent les nombreux visiteurs. Six heures de queue à l’entrée dès le samedi matin, et énormément de professionnels de la customisation sont sur place. Partout des voitures aux styles soignés, prêtes à fouler le podium pour exposer leurs plus belles lignes. Jantes brillantes, bas de caisse touchant le sol, ici le diable se cache dans les détails et ne s’habille pas en Prada. Le plus impressionnant, peut-être, est la grande diversité de marques représentées. Les propriétaires de Japonaises, d’Allemandes et autres se côtoient avec comme point commun l’amour des voitures aux finitions léchées. C’est un plaisir de pouvoir observer une Nissan GTR, puis de passer du coq à l’âne en observant une Golf 1 garée à côté. Ça fait du bien de se promener en se laissant surprendre à chaque dizaine de mètres parcourus par une voiture à laquelle on ne s’attend pas.
Le show se compose de plusieurs « scènes » réparties sur l’entièreté du périmètre du Wrocław Stadium ; regroupant d’un côté les professionnels, les amateurs sélectionnés pour exposer et le « show & shine », où l’on peut voir les voitures mises en avant par l’organisation. Toutes sont aussi intéressantes, on passe d’une scène à l’autre sans vraiment s’en rendre compte, seuls les nombreux stands de professionnels et les voitures plus exclusives contrastent sur cette boucle du Tuning. Notons d’ailleurs que chaque voiture participe à un concours où un jury élira la plus belle voiture du show ; comme dans certaines compétitions, les concours d’élégance et certains défilés de haute-couture.
L’organisation a un penchant pour le vintage racing, et la frontière entre les deux mondes est parfois plus mince que ce que l’on pourrait penser. C’est amusant, car beaucoup des voitures présentes ici reprennent des codes venant directement de la course : moyeux à écrous centraux, décoration avec sponsors, arceaux de sécurité, moteurs préparés… Je dois avouer que ça me plait. Évidemment les voitures de show ne portent pas les stigmates de la course ou des routes de campagne où l’on abuserait d’une voiture préparée pour. Souvent la dimension des roues et les systèmes de suspensions empêchent d’imaginer une seule seconde de les piloter de manière dynamique. Mais c’est intéressant de voir que dans une discipline où l’accent est mis sur le design et les détails cosmétiques, on y retrouve certains codes issus d’autres pratiques. Et quand le capot est ouvert sur un monstre mécanique, ou un swap démesuré, on ne peut que rêver et/ou fantasmer [une pensée à la 2002 avec un S54 de M3 E46 sous le capot ndlr]. Peu importe ce qui fait le lien entre la caisse et le sol, ce qui compte c’est la beauté des réalisations, que la voiture devienne un écrin pour toutes les pièces exclusives que l’on y installera.
D’ailleurs, je serais vraiment une mauvaise langue si je taisais le fait que beaucoup d’exposants viennent par la route avec leur auto. On entend souvent le terme « voiture de parking » dans la bouche de ceux qui aiment se moquer des voitures stance. Pourtant, nombreux sont ceux qui font le déplacement depuis l’autre bout de l’Europe, à bord de la voiture qu’ils exposent. Le vendredi soir, la veille de l’ouverture officielle de l’event, il est amusant de voir le grand nombre de coffres ouverts, laissant place aux sets complets du detailleur amateur, lui-même polishant les voiles des roues ou la face avant directement sur place. Le shine, le shine.
Evidemment, on se devait de vous dire les voitures que l’équipe a préféré à l’Ultrace.
Voici un top 5 et un petit carrousel pour l’accompagner
Si nous sommes à l’Ultrace en 2023, c’est grâce au collectif The Hofmeisters, et plus particulièrement à notre ami Jasper. Comme d’habitude avec lui, ça commence avec un message court et direct « tu fais quoi fin juin, on va en Pologne à l’Ultrace ? J’ai quelques surprises ». Hum, d’accord. Des surprises. Pour commencer, le collectif a un stand sur la main stage du show, juste à côté du stand officiel Ultrace. Ensuite, il expose quatre véhicules : une BMW E9 modifiée style Groupe 5 (@the_bavarian_outlaw), la véritable M1 Procar pilotée par Nelson Piquet et la Art Car signée Sandro Chia sur base de M3 E36 GTR. La quatrième ? Ça fait aussi partie de la surprise, puisqu’à l’instar de nombreux exposants, nous nous rendrons depuis Hanovre jusqu’à Wrocław à son bord : une BMW Série 5 de 1986, légèrement préparée pour le rallye. Show car ? Pas vraiment. Fun ? Absolument. Est-ce que c’est la cerise sur le gâteau, la surprise des surprises, de faire 600 kilomètres dans des Recaro, par l’Autobahn ? Oui.
La Art Car peinte par Sandro Chia observe les spectateurs curieux, eux même venus observer les voitures. La boucle est bouclée, et le tour du stade aussi. Le stand Hofmeisters a fière allure. Avec le soutien de BMW Classic, les voitures sont mises en valeur au milieu d’un mobilier très typé année 70. C’est comme si nous étions dans un salon, à boire du café avec les copains, et à discuter bagnole sans faire attention au temps qui passe et au soleil qui cogne. D’ailleurs, je commence à rêvasser, profitant du moelleux du canapé, et la question me revient : « qu’est-ce que le Tuning ? »
Le Tuning c’est une histoire d’émotions. Sans automobile, pas de Tuning. Sans Tuning, pas d’émotions. Pas d’émotions… pas d’émotions. Et la vie serait bien triste ! Le Tuning est surtout une histoire de passionnés qui cherchent à s’engouffrer à leur manière dans les abysses de la bagnole. Peu importe que ce soit pour la course, la collection ou le show, que ce soit d’origine, sur air ride ou arceauté, même le plus puriste des puristes cherchera toujours un accessoire à installer pour mettre sa voiture à son goût. Pour que la voiture lui plaise, qu’elle lui rappelle un souvenir ou une époque. Toujours dans la même veine, que l’on apprécie ou pas un style, ces réalisations présentent toujours un intérêt, surtout quand elles sont présentées avec goût, ouverture d’esprit et bonne ambiance, comme à l’Ultrace !
Merci à Jasper et l’équipe du collectif The Hofmeisters pour l’invitation.
Merci à l’équipe de l’Ultrace, pour cette organisation et ce moment de partage.